LIP 1973 – 1974 : LE GOUT DU COLLECTIF Propos de Dominique Dubosc recueillis par G.R.

Article original: Libération, mar 30, 1977

Ce film n’est pas une analyse de l’Affaire Lip. Il raconte simplement l’enchaînement des principales initiatives prises par les travailleurs d’un côté, par le gouvernement de l’autre. Il s’efforce, en même temps, de mettre en valeur une approche, ce que Charles Piaget appelle à un moment le « goût du collectif », c’est-à-dire l’inverse de ce que Nizan appelait « le complot du commandement » ou « la société des hommes qui commandent».

La première partie, tournée dans la période culminante de l’été 73, fonctionne comme un souvenir. Elle rappelle l’« image » du conflit Lip : son style d’action, son rythme, une certaine manière d’être ensemble et de réagir collectivement au sein d’une commission de travail, face au syndic, face au « médiateur » nommé par le gouvernement, face au ministre de l’Industrie…
La deuxième partie développe cette image en reprenant la chronologie des événements depuis le début et en insistant sur la relation originale et complexe qui s’est créée entre les « Lip » et leurs organisations syndicales. C’est ce lien, tout autant que la nouveauté des formes d’action mises en œuvre pendant le conflit, qui a popularisé Lip et qui préfigure une autre forme de société.
La troisième partie montre comment les travailleurs de Lip ont su analyser collectivement la nature des « stages » qui leur ont été imposés par les Accords de Dôle, pour éviter de tomber dans le piège de cette mise au pas déguisée en « formation ».
(…)
On me reprochera peut-être l’absence d’analyse, mais dans la mesure où mon sujet était ce « goût du collectif » développé dans et par la lutte (il n’a rien d’inné), il fallait absolument éviter tout commentaire autre que les réflexions des « Lip » eux-mêmes.