1) Une chance à courir
A l’origine de ce film comme de la plupart de mes films, il y a une occasion, c’est-à-dire une chance à courir : ici, le voyage que devait effectuer le dessinateur Daniel Maja en Palestine, pour relancer un vieux projet d’écoles d’illustration soutenu par le Consulat de France à Jérusalem.
Le moment était curieusement choisi, étant donné que toutes les villes de Cisjordanie étaient sous couvre-feu et que la «mission Maja» avait donc peu de chances d’aboutir. Mais, comme on dit, ce n’était pas mon problème.
La chance que je voyais, moi, n’avait pas grand chose à voir avec cette mission et beaucoup plus avec les dessins de Maja, avec son surréalisme spontané, avec sa façon d’installer l’impossible ou l’impensable au cœur de la réalité.
Il m’a semblé que la confrontation de nos regards, l’alternance entre images filmées et dessins pourrait établir par elle-même, sans l’aide d’aucun commentaire, que le réel s’étend toujours sur plusieurs niveaux, qu’il est un voyage permanent entre ces niveaux.
C’est ce voyage vertical (entre le conscient et l’inconscient, le visible et l’invisible) plutôt que le voyage horizontal sur les routes de Palestine, qui constitue le vrai sujet du film, bien que l’ordre des séquences corresponde à peu près à celui de nos déplacements sur le terrain. Continuer la lecture de « Note du réalisateur »